• Les Histoires

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  • Texte : Insulae

    Illustration : A faire

     

     

    Dudley Dursley était quelqu'un d'assez banal. Il n'était plus aussi gros qu'il avait pu l'être (et définitivement plus aussi haut que large), mais il n'était pas très fin non plus. Il n'était pas très riche, mais il n'était pas très pauvre, pas très drôle mais pas trop rasoir, pas très intelligent mais pas si idiot, pas très gentil mais plus très méchant. La seule chose exceptionnelle dans la vie de Dudley Dursley, à ses yeux, c'était sa femme Debby.

    Ils s'étaient rencontrés peu après qu'il ait quitté la Grunnings, qui lui revenait pourtant de droit puisque son père avait succombé à une crise cardiaque, et qu'il se soit lancé dans la pâtisserie. Sa mère avait failli en faire une attaque elle aussi - son fils était fantastique, il ne pouvait pas être un simple commerçant, pas son Dudlichounet d'amour ! - mais elle avait du accepter les faits : Dudley Dursley serait pâtissier. De toutes façons, depuis que le magasin tournait à plein régime, Pétunia ne cessait de se vanter, auprès de ses amies, que c'était elle qui lui avait donné l'amour des bonnes choses et de fourneaux.

    C'était dans sa pâtisserie que Dudley avait rencontré Debby, une jeune professeur d'arts plastiques qui faisait du baby-sitting pour joindre les deux bouts. Elle était entrée avec une ribambelle d'enfants, et Dudley s'était aussitôt dit qu'il était bien dommage qu'une femme comme elle soit déjà mère et mariée. Heureusement pour lui, ce n'était pas le cas, et il la fit rougir en lui offrant des macarons supplémentaires.

    Elle était revenue le lendemain. Et le surlendemain. Et le jour d'après. Inlassablement, avec ou sans les enfants, elle venait acheter deux macarons, un à la fraise, l'autre au citron. Et à chaque fois, Dudley l'attendait. Ils se marièrent deux ans plus tard, à la mairie de Privet Drive, et la pièce montée, toute de macarons roses et jaunes, devait rester, aux yeux du marié, la plus belle de toutes ses créations.

    Au début, ce ne fut pas toujours facile. Quand Debby fut envoyée loin de Privet Drive, dans le Devonshire, Dudley et elle ne se parlèrent plus pendant trois mois. Elle était partie en pleurs, laissant une grande partie de ses affaires derrière elle, puis, un jour, en sortant de l'école, elle le vit, adossé à un camion de déménagement, l'air penaud, une boîte de macarons à la main. Il avait trouvé un petit appartement au dessus de ce qui deviendrait bientôt le Debby & Dudley Dursley's Devonshire Den, une petite pâtisserie renommée dans les environs, où toutes les mères venaient prendre le thé en attendant que leurs enfants aient fini leurs cours de piano ou de danse.

    Deux ans plus tard, Debby posa les mains sur son ventre, les larmes aux yeux, et annonça à son mari qu'ils allaient bientôt devoir aménager une petite chambre d'enfant dans leur appartement. Dudley s'évanouit, se réveilla, voulut déboucher une bouteille de champagne, se ravisa en interdisant gentiment à sa femme de boire pendant neuf mois, puis il acheta l'étage au-dessus de leur appartement pour que leur famille puisse s'agrandir encore.

    Dahlia Dursley naquit le 19 mars 2007. C'était une petite fille aux cheveux blonds comme ceux de son père, mais avec les grands yeux noirs de sa mère. Elle était absolument adorable, et pas uniquement aux yeux de ses parents, ou de sa grand-mère paternelle : tout le monde dans le quartier ne pouvait s'empêcher de babiller devant les joues bien rondes de Dahlia, qui regardait tout autour d'elle avec curiosité, suspendue au torse de son père dans un porte bébé bleu ciel. C'était un spectacle à voir, le père et la fille derrière le comptoir, évoluant ensemble entre les choux à la crème et les macarons à la fraise !

    Dahlia grandit ainsi, entre tartelettes et dessins, entre son père à l'amour hésitant et sa mère à l'exubérance folle. Elle commença la guitare à l'âge de cinq ans, la natation à sept, et le judo à huit. Debby l'accompagnait à l'école tous les matins, et Dudley la récupérait tous les soirs, un paquet de chouquettes à la main. Ses anniversaires étaient attendus par tous ses camarades de classe, autant pour le beau gâteau qu'elle avait chaque année que pour la piñata colorée qui était inlassablement suspendue devant la boutique et qui regorgeait de bonbons.

    La seule chose que Dudley trouvait étrange, chez sa fille, mais que Debby appelait son petit grain de folie, c'était sa capacité à vivre des choses extraordinaires, en plein cœur de leur petit village ordinaire, comme la fois où avait réussi à grimper en haut d'un arbre immense et à en redescendre, un petit chat gris dans les bras, le tout sans une seule égratignure. Le miaou, comme elle l'avait appelé à l'époque, n'appartenait à personne, personne ne savait comment Dahlia avait pu le voir alors qu'elle se trouvait en bas du chêne - et personne ne comprenait non plus comment elle avait pu monter sur l'arbre centenaire sans échelle. Trois ans plus tard, le chat était toujours là, chez eux, dans l'appartement, avec un petit collier bleu autour du cou, et étonnamment, c'était le seul félin qui ne provoquait pas, chez Debby, de réaction allergique.

    C'était d'ailleurs pour le chat qu'ils se trouvaient en dehors de leur ville : il fallait le castrer, et Dahlia, du haut de ses neuf ans, tenait fermement Miaou dans ses bras pour le rassurer. Elle n'avait pas beaucoup apprécié l'idée qu'on allait retirer un petit bout de son chat, mais sa mère avait réussi à la convaincre que c'était pour le mieux. Par une belle matinée de mai, ils avaient donc pris leur voiture et avaient roulé jusqu'à la clinique.

    Dans la salle d'attente, les trois Dursley s'installèrent sur des chaises, et Dahlia serra son chat dans ses bras. Contrairement à la croyance populaire, Miaou ne se refusait jamais aux caresses de ses maîtres - et surtout pas à celles de sa petite héroïne.

    - Dudley Dursley ! appela la secrétaire. Une seule personne est autorisée à entrer avec l'animal, précisa-t-elle en voyant toute la famille se lever. Un adulte.

    Debby et Dudley échangèrent un regard, puis la jeune femme secoua la tête : elle préférait rester avec Dahlia que de suivre Miaou dans le bloc opératoire, surtout avec sa deuxième grossesse qui lui rendait l'estomac fragile. La mère et la fille se rassirent donc dans le calme, tandis que le père disparaissait derrière la porte.

    Soudain, alors qu'il venait de confier son chat à un vétérinaire, Dudley entendit un grand bruit qui venait de la salle d'attente, et ses yeux se rivèrent sur la porte. Quelque chose ne tournait pas rond, mais... Un grand cri lui glaça le sang - il venait de reconnaître la voix de sa fille. Sans réfléchir, il revint sur ses pas et débarqua dans la pièce prêt à défendre sa famille quand...

    -Harry ?!

    -Dudley ?!

    Les deux cousins se regardèrent, ébahis. Harry n'avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois que Dudley l'avait vu, à l'enterrement de Vernon. Il avait peut-être une petite ride en plus au coin de l'œil, mais son regard vert restait vif. Il tenait sa baguette de la main droite et un homme gisait à ses pieds, inconscient.

    -Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda le sorcier, abasourdi.

    -Je viens faire castrer mon chat, répondit mécaniquement Dudley. Avec ma femme et ma fille.

    -Ta femme et ta fille ?

    La nouvelle eut l'air d'étonner Harry plus que la présence même de son cousin, et Dudley fit semblant de ne pas s'en apercevoir - après tout, lui même n'en revenait toujours pas, après douze ans de mariage. Il préféra se tourner vers le coin où étaient assis la femme et l'enfant susmentionnées pour les présenter à...

    -Debby !

    La professeur d'art était affalée sur le siège, endormie. Dudley prit soudain conscience de l'état dans lequel se trouvait la salle d'attente : c'était un véritable champ de bataille. Toutes les personnes qui patientaient silencieusement quelques minutes plus tôt étaient tombées dans les bras de Morphée, et si certains avaient pu garder leur siège sous leur postérieur, d'autres n'avaient pas eu cette chance. Un énorme trou dans l'un des murs permettait d'admirer la ville, cinq étages plus bas, et toutes les vitres semblaient avoir été soufflées par une explosion. Et cet homme, aux pieds de Harry, couvert de sang...

    -Où est Dahlia ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

    -Wolf von Wienk, voilà ce qu'il s'est passé. C'est un criminel qui a failli nous filer entre les doigts, marmonna Harry, en se pinçant l'arrête du nez, déjà fatigué - de tous les Moldus qui auraient pu se trouver ici, il fallait qu'il tombe sur son cousin. Il est venu se réfugier ici, on l'a suivi, et quand on est arrivés... La salle était déjà dans cet état.

    -Et Dahlia ? redemanda le pâtissier d'une voix hachée.

    Harry le regarda avec des yeux ronds, incapable de comprendre de quoi Dudley parlait.

    -Dahlia, ma fille ! s'énerva le Moldu. Des yeux blonds, des cheveux noirs... Non, l'inverse ! se corrigea-t-il. Elle était là, avec Debby !

    L'Auror regarda la chaise où dormait la brunette - la femme de Dudley, apparemment, même si le concept lui semblait un peu étrange - et il comprit.

    -La sorcière...

    -Pardon ?!

    -Ta fille - Dahlia, soupira Harry. C'est une sorcière. Et drôlement puissante avec ça. C'est elle qui tout fait exploser quand le criminel est arrivé. On a du endormir toutes les autres personnes ici pour rectifier ça. J'ai deux Oubliators qui vont arriver d'une minute à l'autre pour tout remettre en ordre. Dahlia est avec mon adjointe, la Seconde Giulia Zabini, qui est en train de tout lui expliquer.

    -Je peux la voir ?

    Harry hocha la tête, et appela sa Seconde, qui passa la tête par la porte d'entrée, et jeta un coup d'œil interrogateur à son supérieur.

    -Giulia, je te présente mon cousin. C'est le père de Dahlia.

    -Papa ?

    Une petite voix se fit entendre depuis le couloir, et une seconde plus tard, une masse de boucles blondes disparaissait entre les bras de Dudley Dursley. Harry regarda d'un œil incrédule le père et la fille. Décidément, il ne se ferait jamais à cette idée...

    -Hum, si ça ne te dérange pas, il faudrait que tu ailles dehors avec Dahlia, annonça l'Auror, on a encore quelques questions à lui poser... Pour le rapport. Et il faudra qu'on discute un peu après.

    -Je crois qu'une discussion s'impose en effet, souffla Dudley, hésitant, avant de retourner dans le couloir, la main de sa Dahlia adorée dans la sienne.

    -Papa, papa, racontait déjà l'enfant, enthousiaste, madame Giulia a dit que j'étais une sorcière parce que je pouvais faire de la magie, et elle a fait apparaître des petits oiseaux tout à l'heure avec une baguette, et elle a dit que quand j'aurais onze ans, j'en aurais une aussi et que j'irai dans une école avec un nom bizarre...

    -Poudlard, souffla Dudley, ébahi.

    -Poudlard, Poudlard, Poudlard ! répéta Dahlia avant d'éclater de rire. C'est drôle comme nom, pas vrai papa ? Madame Giulia m'a dit que c'était un très grand château avec un lac et un jardin et une forêt et des tours... Tu te rends compte, papa ? Je vais vivre dans un château comme Rebelle !

    Dudley laissa échapper un petit rire aigre quand sa fille fit référence à son Disney favori : lui ne serait même pas étonné s'il arrivait à des élèves de Poudlard d'être transformés en ours en un clin d'œil. Après tout, lui-même s'était retrouvé avec une queue de cochon à l'âge de onze ans - un souvenir qu'il préférait toujours reléguer dans les tréfonds de sa mémoire.

    -Comme Rebelle, répéta-t-il en se laissant entraîner à l'extérieur de la salle d'attente.

    Harry regarda son cousin sortir, et ferma les yeux. En un sens, c'était une bonne chose qu'il ait été le Premier Auror en charge des urgences ce matin, car sans cela, Dudley aurait probablement été moins réceptif - ou moins choqué. Après une profonde inspiration, il laissa échapper un petit sourire amusé en pensant à la réaction qu'auraient sa femme et ses meilleurs amis quand il leur annoncerait la nouvelle...

    Il avait juste oublié qu'ils ne seraient pas les seuls que cela surprendrait, et c'est le rire franc de Dudley qui l'accompagna tandis qu'il avançait dans la petite allée qui menait jusqu'à la porte d'entrée du 4 Privet Drive.

    -Allez Harry, se moqua son cousin, maman ne va pas te manger ! Je suis sûre qu'elle sera ravie d'apprendre que sa petite-fille est une sorcière !

    Harry déglutit, et finit par toquer à la porte, qui s'ouvrit quelques minutes plus tard. Devant lui se tenait une petite femme aux cheveux gris, dont les épaules voûtées soutenaient un cou très long, et toujours aussi utile quand il s'agissait d'espionner les voisins. Tante Pétunia lui semblait mille fois plus vieille que le jour de l'enterrement de Vernon.

    -Harry ?!

    Le sorcier se mit à bafouiller, et Dudley ricana légèrement avant de lui passer devant, une boîte à gâteau entre les mains. Aussitôt, le visage de sa mère s'éclaira :

    -Dudlichounet ! Tu m'as manqué ! Comment va Dahlia ? Et Debby ? Et la boutique ? On a eu un temps affreux ces derniers jours, tu n'imagines même pas...

    Et dans un babil constant, les Dursley passèrent le pas de la porte pour rejoindre le salon, tandis que Harry resta derrière pendant quelques instants, interdit. Il n'était pas venu ici depuis le 27 juillet 1997, la nuit de la bataille des sept Potter.

    -Tu veux du thé ?

    La voix de Dudley le sortit de ses pensées, et il regarda son cousin qui lui souriait depuis le couloir avant d'acquiescer.

    -Maman t'attend dans le salon. Et Harry...

    -Mmh ?

    -J'ai changé, souffla le Moldu d'une petite voix. Maman aussi. Prends pas une tête de grand blessé de guerre qui retourne sur le champ de bataille, on va pas t'enfermer dans le placard sous l'escalier. De toute façon, ajouta-t-il en le dévisageant de la tête aux pieds, tu es un peu trop grand pour ça.

    Harry laissa échapper un petit rire et alla s'asseoir en face de sa tante, à peine plus détendu. Pour le moment, Pétunia n'avait pas l'air de lui en vouloir.

    -Comment ça va ? demanda-t-il, presque hésitant.

    -Bien, répondit la vieille femme, visiblement mal à l'aise. Et... Et toi ?

    -Bien, répéta Harry.

    -Tu... La guerre... C'est fini, pas vrai ? Vous avez gagné ?

    -Oui, répondit l'Auror après une seconde d'hésitation. C'est fini depuis longtemps.

    -Et celui a qui... qui a tué Lily ? Vol... quelque chose ?

    -Voldemort ?

    Le nom résonna étrangement dans la pièce, et Harry en fut agréablement surpris - cela faisait longtemps qu'il ne l'avait plus prononcé en dehors des discours qu'il faisait parfois, lors des anniversaires de la victoire du deux mai.

    -Je l'ai tué, finit-il par déclarer, et à ces mots, un très léger sourire apparut sur les lèvres de Tante Pétunia, si discret, si petit, si infime, que Harry faillit le manquer.

    -Lily t'aimait beaucoup, tu sais, déclara Pétunia dans un murmure après quelques minutes de silence. Elle m'avait envoyé une carte quand tu es né... Tu étais tout rouge sur la photo, tout fripé.

    Harry se demanda soudain si tout le monde devenait aussi sentimental et sensible en vieillissant. Peut-être que quand on se retrouvait tout seul, tout à coup, on se raccrochait aux personnes qu'on avait pu aimer dans le passé. La crise cardiaque de Vernon avait été foudroyante, surprenant tout le monde autour de lui, et Pétunia n'avait jamais eu beaucoup d'amis en dehors de ceux de son mari. Elle avait du se sentir très seule.

    La bouilloire de la cuisine se mit à siffler, et Harry vit bientôt Dudley entrer dans le petit salon, un plateau à la main, chargé de tasses et de scones, et de la grande théière bleue en porcelaine que Vernon avait offert à sa femme pour leur quinzième anniversaire de mariage, et que Harry avait cassé quand il avait huit ans - mais qui s'était mystérieusement réparée avant que Pétunia ne s'aperçoive de l'affront.

    -Alors, Harry, qu'est-ce que tu deviens ? demanda poliment la vieille femme en servant le thé.

    -Eh bien... Je me suis marié, commença maladroitement l'Auror. Je suis... Je suis quelque chose comme un chef dans la police chez les sorciers. J'ai trois enfants.

    -Comment est-ce qu'ils s'appellent ? continua sa tante en distribuant les tasses.

    -James, cita Harry - Pétunia grimaça légèrement en entendant le premier nom, Albus, continua-t-il malgré tout - Pétunia fronça les sourcils, et Lily.

    Pétunia se figea.

    -Lily, répéta-t-elle. Au moins, ta fille porte un nom de fleur. Comme Dahlia.

    -Justement, bredouilla Harry, propos de Dahlia...

    -C'est une sorcière, le coupa Dudley.

    Pétunia lâcha sa tasse, qui s'écrasa sur la moquette, et dévisagea son fils avec des yeux ronds, comme pour chercher la confirmation de ce qu'il venait de lui annoncer.

    -J'espère qu'elle ne transformera pas de tasse en crapauds, souffla-t-elle d'une voix faible.


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  • Texte : Artémis4

    Illustration : A faire

    Ce texte est finaliste au Prix Fanfiction Harry Potter 2016 sur Short Edition. Passez voter si vous voulez soutenir l'auteur ;)

     

    Cette nuit, papa est encore parti sans prévenir. Papa part toujours sans prévenir. Sans dire pourquoi. Tout le temps que j’ai passé à observer d’autres enfants, j’ai remarqué que les petits garçons vouent une admiration sans limites à leur père. Moi, je ne comprends pas pourquoi. Pour moi, un papa, ce n’est qu’un bon à rien, qui est toujours tellement, tellement méchant... Mon papa à moi ne mérite pas qu’on l’admire. Il mérite qu’on le déteste, oh oui, qu’on le haïsse ! J’admire ma mère et je méprise mon père. Parce que papa n’a jamais été gentil. Ni avec moi, ni avec maman. Maman, il la frappe tout le temps, et elle, elle crie, elle hurle ! Il lui dit des choses terribles et elle ne répond pas. J’aimerais tellement être plus grand, plus fort ! Je me déteste. Je déteste le petit être chétif que je suis, lâche et faible, incapable de protéger maman.

    Aux premières lueurs du jour, j’ai vu papa dans la rue, par la fenêtre. Instinctivement, je me suis recroquevillé. A cet instant, j’aurais voulu me ratatiner sur moi-même tant et tant que j’aurais fini par devenir invisible. Je prends mon courage à deux mains. J’ouvre les yeux. Papa et toujours dehors, peinant seulement à tenir debout. Il tient une bouteille dans la main, il titube ; il parle si fort que ça va réveiller les voisins. Eux, ils savent ce qu’est mon père. Mais ils ne font rien, rien du tout pour nous aider.

    La porte de l’entrée claque. Il est dans la maison ! Je suis sur le point de prendre une chaise quand je me dis que si je me barricade dans la chambre comme ça, je serais encore plus lâche que je ne le suis déjà. Alors je ne le fais pas. Tout mon corps tremble. J’entends ses pas dans l’escalier, sa respiration saccadée, ses grognements.

    - Eileen ! Réponds ! Tu te caches, hein ? Tu vas voir ce que je fais aux femmes qu’obéissent pas, moi !

    J’entends un gémissement étouffé dans la chambre d’à côté. Maman ! Maman ! Ne te laisse pas faire !

    - Non, Tobias, écoute, je n’ai pas fait exprès, je dormais ! Tobias, non ! Arrête !

    Je tremble si fort que je manque de tomber. Un cri de douleur retentit, et mon père hurle encore :

    - Dis pardon ! Allez, dis pardon ! Sale monstre, dis pardon !

    Ma mère hurle de douleur. Elle dit pardon. Elle le supplie de la lâcher. J’entends des gémissements, des hurlements, puis des pleurs. Papa la tape. Maman, maman ! Tu es plus forte que lui, tu es une sorcière ! Pourquoi tu ne sors pas ta baguette ? Pourquoi ? Quand j’étais petit, on faisait des potions dans la salle à manger. Tu utilisais souvent ta baguette pour faire la vaisselle ! Maintenant, tu caches tes livres dans un coffre au grenier. Maintenant, tu es comme une moldue, sans magie, sans baguette ! Il l’a cassé, c’est ça ? Et tu n’as pas osé en reprendre une. J’ai vu et j’ai senti la magie disparaitre en toi, petit à petit, remplacée par la peur. Tu cries. Je n’y tiens plus. Je sors de ma chambre. Les cris sont si forts, si forts ! Je suis devant ta chambre, et la porte est ouverte. Je suis devant ta chambre et je te vois, par terre, en pleurs, le visage déformé par la souffrance. L’homme te tient par les cheveux, et un rictus abominable tort son visage quand il te regarde – quand il me regarde. Je crie à mon tour. Papa se précipite vers moi, maman hurle de plus belle.

    - Tobias, laisse-le ! Ce n’est qu’un enfant ! Laisse-le !

    Il te saisit par les poignets et te tire dans le couloir. Je me précipite vers le rez-de-chaussée. Et toi, maman, tu me suis, tu me dis de courir ; et là, je te vois, en haut de l’escalier, qui tourne le dos au monstre. Je te hurle de courir, maman. Je te l’ai hurlé, je t’ai dit « Maman, il est derrière toi ! » Mais tu t’es retournée trop tard. J’ai vu la scène, j’ai vu, impuissant, comment il est arrivé derrière toi, avec son sourire abominable, comment il t’a attrapé, et comment, sans aucune hésitation, avec un rire fou, il t’a jeté du haut des marches. Je t’ai vu tomber, comme une poupée à qui on aurait coupé les fils. Je t’ai entendu hurler, j’ai hurlé ; j’aurais voulu hurler tellement fort que tu te serais envolée.

    J’ai baissé les yeux et je t’ai vu, à mes pieds, inerte. J’ai baissé les yeux sur ton visage triste, sur les larmes qui sillonnaient ton visage. J’ai levé les yeux vers celui qui t’avait fait ça et cette fois, maman, j’ai hurlé comme je n’avais jamais hurlé. J’ai hurlé si fort que le verre a explosé, que les fenêtres et les bouteilles ont volé en éclats. Finalement, maman, tu t’es bien envolée. Mais tu n’as jamais atterri de nouveau. Maman, je voulais que tu voles !

    ***

    - Severus ! Severus, par Merlin, réveillez-vous !

    Albus Dumbledore, Minerva McGonagall et Poppy Pomfresh se tenaient au pied du lit du Serpentard. Les deux professeurs le maintenaient dans le lit tant il tremblait, tandis que l’infirmière lui administrait une potion à base de bézoard. Severus suffoquait, il tremblait et gémissait. Sa fièvre était si élevée qu’il délirait.

    - Albus, il est trop faible et le poison trop puissant. Ce n’est pas un poison mortel, il vise seulement à faire du mal psychologiquement et physiquement. Mais Severus a une réaction allergique. Ce qui se passe dans sa tête l’épuise, il faut y mettre un terme ! Cela doit faire remonter ses peurs les plus profondes, des souvenirs qu’il avait enfouis au plus profond de lui-même pour s’en protéger !

    - Pensez-vous qu’une intervention par légilimencie serait trop risquée ?

    Severus hurla.

    - Je ne vois pas d’autre solution, Albus !

    - Albus, faite-le ! lui cria Minerva, des larmes dans les yeux.

    Le vieil homme hocha la tête. Forçant le Serpentard à ouvrir les yeux, il leva sa baguette et murmura le sortilège qui lui permettrait d’avoir accès à ses pensées. Ce qu’il y découvrit fut atroce. C’était un chaos total, et le souvenir qui se déroulait sous ses yeux lui glaça le sang. La barrière mentale de Severus avait était brisée par la potion ; il la remplaça comme il le put. Il y parvint de justesse et fut expulsé de l’esprit de l’homme en noir. Il était sauvé.
    Lorsque Severus ouvrit enfin les yeux, ils étaient seuls. Albus le prit dans ses bras avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, et murmura, tout en le berçant :

    - Je suis désolé, mon garçon. Je suis tellement, tellement désolé...


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  • Texte : macy29

    Correction : PommeGaunt

    Illustration : Hylla

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    Mon cher Fred, mon frère,

    Je sais que c'est étrange de t'écrire alors que tu es parti. C'était il y a deux ans déjà. Je suis désolé, mais je n'ai pas pu le faire avant. C'était trop dur pour moi. Tu comprends ? Je ne sais pas pourquoi je le fais, certainement pour te prouver que je ne t'ai pas oublié. Mais comment le pourrais-je ? Tu étais mon jumeau, ma moitié.

    Je sais que tu te moques de moi pour avoir écrit que tu étais ma moitié, mais ose dire que c'est faux. On a fait les quatre cents coups ensemble à Poudlard, et pas que là-bas d'ailleurs. Tu te souviens quand on avait 5 ans, tu avais fait pipi au lit quand tu dormais, et pour te soutenir j'avais fait pareil et maman nous avait punis tous les deux. Te souviens-tu de l'année d'après ? On avait cassé le balai de Charlie sans le faire exprès parce qu'on voulait apprendre à voler. Tu te souviens aussi de la fois où on avait mis du poil à gratter dans le lit de Percy ? Il nous avait hurlé dessus pendant deux heures et il n'avait pas remarqué que nous jouions au morpion et à la bataille explosive. Et la fois où on a fait sauter les cuvettes des toilettes de Poudlard et que nous avions mis une potion d'enflure, une autre à hérisser les cheveux et un philtre de confusion. Mac Gonagall était furieuse et Mme. Pomfresh n’a plus voulu nous voir avant deux mois, parce qu'on lui avait donné trop de travail. Maman nous avait envoyé une beuglante.

    Enfin bref… Ne fais pas attention aux larmes qui ont tâché le parchemin et à l'encre qui a coulé, il y en a eu et il y en aura encore. Je suis désolé pour tout ça, je me suis toujours dis que si j'étais resté avec toi pendant la bataille, tu aurais pu continuer de vivre, tu aurais pu continuer de faire des blagues avec moi, tu aurais pu te marier, avoir des enfants… Être heureux. J'ai crié ton nom ce jour-là, j'ai crié ton nom plusieurs fois, j'ai jeté un Doloris au Mangemort et je l'ai tué. Crois-moi quand je t'ai dit que j'aurais voulu le faire payer beaucoup plus pour ce qu'il a fait. J'ai couru vers toi, je t'ai pris dans mes bras et je t'ai supplié de ne pas mourir. Je t'ai supplié de ne pas mourir et je t'ai secoué comme un prunier pour te voir te réveiller. Je n'arrivais pas à croire que tu étais mort. C'était impossible, tu comprends ? C'était impossible que tu sois partis, je n'arrivais pas à le croire. J'ai hurlé que tu n'étais pas mort, j'ai hurlé ton nom. Je n'entendais plus rien, il n'y avait que toi qui comptais et j'ai pleuré. Et je t'ai serré dans mes bras et j'ai pleuré, pleuré jusqu'à l'épuisement. Sais-tu que Mme. Pomfresh m'a injecté un sédatif pour que je te lâche, pour que je lâche ton corps ?

    J'ai eu du mal à m'en remettre, tu ne peux pas savoir à quel point ça été difficile. Je ne suis pas sûr de m'en être encore remis, je ne suis même pas sûr d’y arriver un jour. Tu resteras toujours dans mon cœur, en y prenant une place énorme. Tu sais, quand j'ai eu l'oreille coupée, je me suis toujours dit que ce n'était pas grave, puisque tu étais à mes côtés pour me faire des blagues à deux mornilles dessus. La guerre a fait beaucoup de morts Gred, beaucoup de familles ont été déchirées, des parents ont perdu des enfants, des gens ont perdu leurs frères, leurs sœurs, des oncles, des tantes, et moi… Moi je t'ai perdu.
    Il s'est passé quelque chose d'incroyable il n'y a pas longtemps. Je ne sais pas ce qui s'est passé ce jour-là, je ne sais vraiment pas, mais je venais de me réveiller, et je t'ai entendu. Je te jure que j'ai entendu ta voix. Je n'ai pas compris, parce que tu étais mort, parce que tu étais parti et que c'était donc impossible que tu me parle. Les larmes ont commencé à couler sans que je puisse m'arrêter, et j'ai entendu ta voix qui me parlait dans mon oreille coupée. Je ne peux plus entendre de cette oreille normalement, je ne peux plus, et je t'ai entendu. Tu crois que je peux croire en toi ? Tu crois que tu peux rester avec moi ? Tu crois que je peux croire que c'est un signe que tu m'as envoyé ? Est-ce que je peux penser que d'une certaine manière tu es toujours vivant dans la mort ? Ou que tu me surveille du ciel ?

    Aujourd'hui encore j'ai entendu ta voix qui me faisait une blague, j'ai ri. J'ai ri pour la première fois depuis deux ans. Au début j'ai trouvé ça bizarre, mais peut-être que notre lien était plus fort que la mort, peut-être que des dieux ont eu pitié de nous. Ou alors c'était la magie. Une magie dont je ne veux qu'elle ne parte jamais.

    Aujourd'hui tu m'as fais promettre d'être heureux, alors à partir d'aujourd'hui, je te promets d'essayer. Aujourd'hui quelque chose de nouveau va apparaître, et je te promets que tu continueras de vivre dans ce monde à travers mes lettres. Je te promets que je t’en écrirai d'autres. Et tu sais que je vais tenir mes promesses, parce que tu sais à quel point c'était important pour nous, nous, Fred et George.


    Je t'aime Gred, ton frère George, qui ne t'oubliera jamais.


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  • Cette OS fait partie d'un recueil d'OS Harry Potter publié là-bas. Chaque OS concerne un personnage différent et est accompagné par une chanson.

    Texte : Niouki93

    Illustration : à faire

    I walked across an empty land

    I knew the pathway like back of my hand 

    I felt the earth beneath my feet

    Sat by the river and it made me complete

     

    Je ne pensais pas avoir le courage de revenir ici. Ce lieu pourtant si important à mes yeux, que les années n'ont pas su effacer de ma mémoire. Je le connais encore comme ma poche. Aujourd'hui, il n'est plus comme avant. Il est vide. Desséché. Il a perdu sa vitalité. J'ai beau regarder partout, je ne vois que tristesse et désolation. Alors, je m'assois au bord de la rivière qui coule là, et je ferme les yeux, et je respire, lentement. Je me remémore mes souvenirs ici. Ça me fait me sentir bien. Complet. 

     

    Oh simple thing, where have you gone ? 

    I'm getting old and I need something to rely on

    So tell me when you gonna let me in

    I'm getting tired and I need somewhere to begin

     

    Je savais bien que c'était impossible de voir cet endroit comme avant. À quoi est-ce que je m'attendais ? C'est juste que j'aurais vraiment aimé retrouver cette... Magie. Je me fais vieux, moi, j'avais besoin de cette énergie émanant de cet endroit si particulier. Je fatigue, moi, et j'avais besoin de cette chaleur si spéciale. 

     

    I came across a fallen tree 

    I felt the branches over looking at me

    Is this the place we used to love ? 

    Is this the place that I've been dreaming of ? 

     

    Je me relève, et continue à marcher à travers ce paysage désolé. J'aperçois au loin un arbre. Avant, il se dressait fièrement, son corps majestueux s'élevant jusqu'à ciel. Maintenant, il est couché au sol, abattu. Comme moi. Je reconnaîtrais cet arbre entre mille. Cet arbre signifie beaucoup pour moi. J'en rêve même la nuit, parfois. 

     

    Oh simple thing, where have you gone ? 

    I'm getting old and I need something to rely on

    So tell me when you gonna let me in

    I'm getting tired and I need somewhere to begin 

     

    Je m'assois à côté du cadavre de notre arbre, adossé tout contre son tronc. Ici encore, rien ne se passe. Je suis donc condamné. Condamné à rester seul. Seul avec ma vieillesse, ma solitude, et ma fatigue. Seul avec mes souvenirs d'elle. De nous. 

     

    And if you have a minute why don't we go ?

    Talk about it somewhere only we know

    This could be the end of everything 

    So why don't we go ?

    Somewhere only we know

    Somewhere only we know

     

    J'aurais tout donné pour pouvoir venir ici avec elle, encore un fois, une dernière fois. Avant la fin. Dans cet endroit que nous seuls connaissons. Pouvoir parler avec elle, comme avant, assis tous deux sous les feuilles vertes de ce grand arbre. Je ferme les yeux. Il me semble sentir sa présence à mes côtés. Une unique larme glisse le long de ma joue ridée. Elle me manque tellement... Pourquoi m'as tu abandonné ? Lily...

     


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  • Texte : PtiteCitrouille

    Illustration : à faire

     

    Il faisait chaud en cette fin d'après midi du 28 juillet 1997. Dans sa minuscule cuisine, Charity Burbage, professeur d'étude des Moldus à l'école de Sorcellerie Poudlard, remonta les manches de sa chemise, laissant apparaître des avant-bras tout maigrelets et si pâles que des veines bleutées ressortaient affreusement.
    Cela faisait des nuits et des nuits qu'elle ne dormait plus, des jours qu'elle ne mangeait plus.

    Elle avait peur. L'ascension du Seigneur des Ténèbres était effrayante et elle risquait de ne plus vivre très longtemps. Son travail était mal vu par les Mangemorts. Les Moldus, des êtres abjects pour eux, contrairement à ce que pensait Charity.

    Elle avait peur de mourir, cette perspective la paralysait au point de lui en faire perdre l'appétit et le sommeil. Du haut de sa cinquantaine, elle pouvait s'estimer chanceuse d'avoir survécu jusque là, mais les temps avaient changés et elle pouvait se faire enlever à tous moment. Dumbledore n'était plus là, les autres professeurs étaient bridés dans leurs faits et gestes, elle était seule. Charity était une sorcière aux compétences moyennes, elle n'était pas faite pour les duels, et en plus, elle n'avait plus sa forme de toute première jeunesse, elle savait donc qu'elle ne ferait pas le poids face à un Mangemort.

    Elle avala son café d'une traite et grimaça devant la saveur amère du breuvage. Elle ne savait même pas pourquoi elle buvait ça, elle n'avait jamais aimé le café pourtant.

    Un grincement la fit sursauter. Ça devait être le chat.

    - Magik ?

    Un feulement sonore retentit, suivit d'un couinement. Charity retînt sa respiration, et recula de quelques pas quand elle entendit un bruit feutré sur la moquette du salon, indiquant qu'une personne se trouvait dans la maison.

    Quand le Mangemort apparut, Charity ne fut pas surprise mais quand elle vit qui il était, elle lâcha la tasse qui se brisa sur le sol dallé de la cuisine.

    - Bien le bonjour, Burbage, susurra Rodolphus Lestrange.

    Parmi tous les Mangemorts, il avait fallu qu'elle tombe sur lui, celui qui s'était juré de se venger quand, par elle ne savait quelle chance, elle lui avait contré son Doloris et qu'il se l'était pris. Il rêvait de ce moment depuis si longtemps, la vengeance brillait tellement dans ses yeux, que le professeur sut qu'elle ne gagnerait pas ce combat.

    - Tu as de la chance que le Maître te veuille vivante, sinon, je me serais fait un plaisir de m'occuper de toi.

    Charity Burbage se fit stupéfixer sans qu'elle n'eut le temps de réagir.

    Quand Rodolphus transplana avec la pauvre femme, il ne laissa derrière lui qu'un chat miaulant, tournant en rond, autour des débris d'une tasse de café.

    °°°

    Elle avait mal, tellement mal. Cela faisait deux jours qu'elle était enfermée dans les cachots du manoir des Malefoy. Deux jours qu'elle se faisait torturer par le Lord noir en personne. Une chose était sûre, c'est qu'il savait faire souffrir.

    Allongée sur le sol glacé, Charity Burbage fixait la porte de sa cellule d'un regard vide. Personne ne serait là cette fois, personne ne viendrait pour elle, pour la sauver. Tout le monde la croyait en sécurité chez elle, avec son chat Magik, en train de boire cafés sur cafés. Et pour une fois, elle aurait préférée ingurgité des litres de cette boisson chaude plutôt que d'être ici, le corps desséché par la soif, l'estomac noué par la faim et les yeux gonflés par le manque de sommeil.

    Elle sortit de sa contemplation quand un Mangemort ouvrit la porte en lui jetant un regard dégoûté. Il sortit sa baguette et fit un geste dans les airs, la faisant léviter jusque dans la salle principale du manoir. Elle n'était jamais sortie des cachots et elle frissonna de terreur quand elle vit que l'endroit où elle était se trouvait être une salle de réunion, une salle de réunion infestée de Mangemorts.

    Tandis qu'ils la regardaient en ricanant, elle essaya de reconnaître quelques personnes. Elle constata que Bellatrix Lestrange et son mari étaient présents, ainsi que Augustus Rookwood, ou encore Lucius et Narcissa Malefoy. Le jeune Drago, était là aussi, et cela l'attrista, d'une certaine manière. Il était élève à Poudlard quand elle y enseignait.

    Elle parcouru la table du regard mais ne reconnut personne d'autre, hormis bien sûr, cet homme, si on pouvait l'appeler comme cela, ce visage de serpent, ses yeux rouges comme de la lave en fusion qui la regardaient avec une sombre satisfaction.

    Deux hommes arrivèrent, en retard.

    Yaxley et Rogue.

    « Rogue... » pensa avec espoir Charity. Peut-être pourrait-il la sauver ? Après tout, il avait été du côté de Dumbledore à une époque, peut-être éprouverait-il de la compassion ?

    Il ne lui jeta qu'un bref regard.

    - Ah, Severus, Yaxley, j'ai cru que vous ne viendriez pas, dit Voldemort de sa voix aiguë.

    Yaxley s'inclina devant son maître en répondant d'une voix mielleuse, que jamais, au grand jamais il ne serait absent à une réunion comme celle ci, tandis que Rogue allait s'asseoir à la place qui lui avait été assignée.

    Les Mangemorts commencèrent leur réunion, et le nom de Harry Potter sortit de la bouche du Seigneur des Ténèbres.

    Charity Burbage, malgré sa douleur qui l'obligeait à gémir, écoutait, et plaignait ce pauvre Harry, qui ne savait pas qu'il était sûrement à quelques heures de sa mort.

    Son nom fut prononcé et elle frissonna quand elle vit, à travers ses yeux clos et voilés par la douleur, que toute l'attention des Mangemorts et du Lord s'était portée sur elle.

    A un geste du Seigneur des Ténèbres, son corps se mit à flotter jusqu'au centre de la grande table. Voldemort se moqua d'elle et les Mangemorts ricanèrent à ses propos en grimaçant de dégoût.

    Charity croisa le regard de son ancien collègue.

    - Sev... Severus …

    Elle maudit sa voix qui tremblait, qui butait sur les mots, maudit ses larmes qui coulaient à n'en plus finir, maudit ses sanglots qui lui montaient à la gorge, l'obligeant à respirer par à coups. Elle se maudit d'être aussi faible. Et elle se maudit pour ce qu'elle allait dire.

    - Severus … Nous … Nous sommes amis … S'il vous plaît, pitié ...

    Quand Rogue détourna la regard, elle sut qu'elle allait mourir. Peut être le savait-elle bien avant, personne n'échappait au Seigneur des Ténèbres, mais qu'elle ne voulait pas se l'admettre. Parce qu'elle avait peur. Elle était toujours terrifiée, mais maintenant, elle n'avait plus d'espoir, là était la différence. L'espoir tient en vie beaucoup de personnes, mais quand il disparaît, à quoi sert-il de vivre ?

    Elle fixa le regard du Lord noir, le dernier visage qui aurait hanté ses cauchemars si elle avait survécu, mais maintenant qu'elle allait mourir, elle pouvait toujours regarder ce monstre, tout en essayant de retenir ses larmes qui lui brouillaient la vue.

    Il leva sa baguette. Tout le monde disait que quand une personne allait mourir, elle voyait sa vie défiler devant ses yeux. Ce n'était pas vrai, tous ce qu'on voyait c'était ce qui, ou celui qui allait nous tuer.

    Voldemort prononça la formule fatale, mais elle n'entendit rien, aucun son, à part un sifflement dans sa tête.

    Une lumière verte aveuglante, un coup de vent.

    Elle tomba.

    Les yeux encore ouverts, une dernière larme perla au coin de l’œil et roula sur la joue de Charity Burbage, anciennement professeur d'étude des Moldus à l'école de Sorcellerie, Poudlard.


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